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GROTTE COLOMB - Méaudre (Vercors - Alpes)

Voir aussi le résumé de mon mémoire de maîtrise.

Informations générales :
Le site est une petite cavité située à 1045 mètres d’altitude, dans le massif du Vercors, à mi-chemin entre Autrans et Méaudre (fig.1). Il s’agit d’une halte de chasse. Le 1er sondage a été réalisé en 1912 puis la fouille en 1913, 1914 et 1921. Le chef de chantier était Hippolyte Müller, pionnier de la Préhistoire en Vercors. La plus récente datation obtenue pour ce site, sur os de renne, est de 12480 +/- 80 BP. Une partie du matériel faunique (celle étudiée ici) est sauvegardée à l’Institut Dolomieu de Grenoble.

Restes de marmottes :
C’est un total de 4016 restes de marmotte (Marmota marmota L.) qui a pu être étudié. Ces derniers sont majoritairement représentés par les mandibules (21.9% du total), les radius (16.3%) et les tibias (16.9%). Les éléments du rachis, du thorax et de l’autopode sont quasi inexistants. Le nombre minimum d’individus (NMI) estimé d’après les mandibules est de 451. Ce matériel est cependant incomplet car cette collection a été souvent déplacée après la mort d’Hippolyte Müller.

grotte

Autres taxons :
La liste des autres taxons detérminés par Hippolyte Müller est la suivante : 7 ou 8 oiseaux, 1 ours brun, quelques Batraciens, des Rongeurs, quelques petits carnassiers, du renne, un boeuf, des Caprins, des Cervidés, du sanglier et des Herbivores indéterminés. J. Bouchud (1956) a, lui, pu déterminer : du renne, des bovidés, du bouquetin, du chamois et un lagomorphe.
Les autres taxons que l’on a pu observer dans notre matériel sont les suivants : lagomorphe indéterminé (Lepus?), pygargue à queue blanche (Haliaëtus albacilla L.), castor (Castor fiber L.), renard (Vulpes vulpes L.), chamois (Rupicapra rupicapra L.).

Chasse et exploitation des marmottes :
Aucune données ne permet de reconstituer les méthodes de chasse de ces hommes du Paléolithique final. Seuls de petits fragments lithiques retrouvés fichés dans une scapula droite (fig.2) pose la question de l’éventuelle utilisation d’une arme à projectile...
Les marmottes étaient chassées en premier lieu pour leur fourrure comme en témoigne les traces de dépouillements sur les mandibules et le manque des éléments de l’autopode (laissés dans les fourrures pour une meilleure conservation). Les autres traces de découpe sont typique de la desarticulation des membres (fig.3).
Une aiguille réalisée dans une fibula gauche de marmotte témoigne de l’utilisation ponctuelle des os.

Pathologies observées :
24 tibias présentent 1 à 2 excroissances osseuses (une au-dessus de l’autre) dans leur moitié distale. On a également pu observer des exostoses sur une ulna et l’avant d’une mandibule.

Données métriques disponibles :
Le matériel étant extrêmement bien conservé, de nombreuses mesures ont pu être réalisées sur les os de marmottes. Ci-après, est indiqué l’effectif maximum des parties anatomiques mesurées :
- 803 mandibules;
- 89 scapulas;
- 341 radius);
- 528 ulnas;
- 192 coxaux;
- 495 tibias.

marmotadecoupe

Quelques références bibliographiques:
MULLER H. (1912), Note sur les stations azilennes des environs de Grenoble", Compte-rendu du congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques, 14e session, Genève, 1-9.
MULLER H. (1914), "Les stations aziliennes du Vercors (Les chasseurs de marmottes)", Compte-rendu du congrès de l’association française pour l’avancement des sciences, 43e session, Le Havre, 642-648.
BOUCHUD J. (1956), "La faune épimagdalénienne et romano-azilienne en Dauphiné", bulletin du musée d’anthropologie préhistorique de Monaco, n°3 : 177-187.
BINTZ P. (1979), "Grottes Colomb et de la Passagère-Méaudre", La Préhistoire en Vercors, Courrier du parc naturel régional du Vercors, n°22 : 28-31.
PATOU M. (1987), "Les marmottes : animaux intrusifs ou gibiers des préhistoriques du Paléolithique", Archaeozoologia, Actes du 5e congrès international d’archéozoologie, éd. La Pensée Sauvage, volume I (1), Bordeaux, 93-107.
BINTZ P. (1995), "Les grottes de Méaudre (Isère)", Épipaléolithique et Mésolithique en Europe, Actes du Ve congrès international UISPP, XIIe commission, Grenoble, 72-75.
TOMÉ C. (1998) : Étude de la marmotte des Alpes (Marmota marmota L.) et de son exploitation par les chasseurs du Paléolithique final de la grotte Colomb (Méaudre-Vercors-France) , mémoire de maîtrise, Université Pierre Mendès France - Grenoble II, 200 p.
TOMÉ C. & CHAIX L. (2003), “Marmot’s hunting and exploitation in the western Alps and the southern Jura from Late Pleistocene to Holocene. / La chasse et l’exploitation des marmottes dans les Alpes occidentales et le Jura du sud de la fin du Pléistocèneà l’Holocène”. In Adaptive strategies and diversity in marmots / Stratégies adaptatives et diversité chez les marmottes, Ramousse R., Allaine D. & Le Berre M., Eds. International Network on Marmots, 77-84.
MONIN G., GRIGGO C., TOMÉ C. (à paraître), “Stratégie d’exploitation d’un écosystème alpin au Tardiglaciaire : les chasseurs de marmottes du massif du Vercors”, Gestion des Paléoenvironnements et stratégies d’exploitation des milieux en moyenne montagne par les sociétés humaines, Séminaire de Pierrefort - 19/20 juin 2003.
TOMÉ C. (à paraître) , “Les Marmottes de la grotte Colomb (Vercors - France)”, Hommages à Louis Chaix publiés dans Paléobiologie.